à propos du silence de Larmes (largo di molto)

à propos du silence de Larmes
Laurence et Daniel Benzakoun – Suite No. 1 Op. 5, III. Les Larmes – Rachmaninov
 

il y eut un battement. puis un autre
la scansion d’un mouvement

dans l’intervalle le silence ou le silence partout hors de lui qu’importe

c’est un cri inévitable retenu, au bord trop près que le cœur semble si serré qu’il va se défaire et couler
à tes pieds
une fêlure au-dessous se dessine se creuse quand la nuit devient noire que les murs fissurent retombent elle ne dit rien
guette la césure de la nuit son silence
vaste si plein

tout autour

la lenteur
tout s’étire se retire se dilate

t’engloutit

 

remplir les espaces,

du Temps,

de cette pièce

— il commencera par cette pièce
ça n’est pas grand chose mais c’est déjà ça : un début ; il recommencera la nuit d’après et celle encore d’après et ainsi de suite, le jour il oubliera, il tentera, il attendra,

 

il n’y a pas d’absence dans le silence

 

il l’attendra,

dans le silence de la nuit

sans lequel le premier battement et tous les suivants depuis les siècles passés ne peuvent naître

 

il n’y a pas d’absence dans le silence

que
la possibilité de la vie

de ces battements
écoute
ce que le silence permet

les portées se dessinent s’envolent les pieds se dérobent

et toi

ils elles elle n’existent que par lui
à l’intérieur de lui,

dedans c’est par lui que tu respires
en dehors c’est lui seul que tu rencontres

lui encore lui
et le jour l’oubli

d’harmonies dissonantes en contrepoints
les corps happés appelés le sien, le mien se retiennent dans un dernier geste d’amour

                  ta main
écoute
`
 `
accueille’
reçois

            dans ce mot contenu
tout est là

 
 
 
 

BONUS
Je découvre émerveillée que mon bitonio qui me permettait de télécharger des vidéos sur la toile me permet maintenant de les convertir en mp3 donc voici la version live avec Vadim Rudenko et Nikolaj Luganskj sur laquelle j’aurais initialement voulu écrire :

par Candice Nguyen

« je suis le danseur étoile, ma sœur est la ballerine, nous ne faisons plus aucun poids, nous volons en l'air, c'est une des jubilations de l'enfance de pouvoir se transformer en plume. » —Hervé Guibert

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à propos du silence de Larmes (largo di molto)