dans le silence obstrué de mille voix

dans le silence obstrué de mille voixdans le silence obstrué de mille voix

Portico Quartet – Zavodovski Island

en rebond (et) à Nicolas Dion

dans le silence encore non obstrué / où tu n’écris pas encore / tu lis et refermes les fenêtres / le dessus des mots / les rayons de lumière sur le mur blanc / la fumée des cheminées que tu vois danser à travers la fenêtre / les vitres sales / février / le chauffage en plein / tes doigts malgré tout bleutés / et ces toits qui s’entremêlent devant toi / à l’infini / plus jamais non / la mer derrière / oui elle toujours / qui se cache et se mélange aux vapeurs blanches de l’hiver / devine dimanche /

dans le silence encore non obstrué / tu n’y arrives pas / faire taire les absents / tous ces absents / le silence est obstrué de mille voix / les leurs / les vôtres / habitent ce silence en plein / en plein / tu te laisses gagner / dévorer / harnacher / comment les rappeler / tu imagines mille possibilités /

dans le silence obstrué de mille voix / tu laisses la folie rentrer / impudente / si vaste / tu cours les villes / t’en échappes / cours te réfugier entre deux impasses / murs hauts / briques rouges / escaliers de secours / t’y suspends / ils finiront bien par revenir / non / retrouver la sortie /

dans le silence obstrué de mille voix / tu te laisses envahir / t’inquiètes / te reprends / tu cherches l’apaisement / le ronronnement du chat / attends que la nuit tombe / te dérobe / le jour presse trop contre toi / et trop vite / toujours trop vite / courir encore / vers où vers quoi / et pour quoi /

dans le vacarme de leurs voix / tu t’immobilises / poses ton regard / sur tout et surtout sur n’importe quoi / redonnes consistance aux laissés pour compte / aux oubliés / et la beauté / beauté d’un geste / d’un regard / de celui qui voit / s’arrête / sur ce que les autres ne voient /

 

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En photo ici ce qui traine entre autres sur mes murs, en l’occurrence des photographies de Sébastien Tabuteaud.
février 2012

 

par Candice Nguyen

« je suis le danseur étoile, ma sœur est la ballerine, nous ne faisons plus aucun poids, nous volons en l'air, c'est une des jubilations de l'enfance de pouvoir se transformer en plume. » —Hervé Guibert

DANS LES CARNETS

à propos du silence de Larmes (largo di molto)