les nigelles bleues

© candice nguyen

Kim Novak – Some photographs

on ne remplit plus les vases mais les bus à présent
rebond au rebond d’un bus bondé

à Maryse Hache

le bonhomme de bois alésia
il aura fallu prolonger les pas
dépasser rue de la santé
fouler les pavés défouler nos turbulences
pour pouvoir le retrouver

ce petit bonhomme de bois alésia.

et ce matin marchons nous jusque Montsouris
les arbres les pelouses monter descendre et
pourquoi pas sous la neige les pavés.

vous dites le printemps moi je vois vos mimosas

tout autour de vous petites boules jaunes
feuillage allongé de vos images vert bleuté
cristal grappes blanches marronniers mais –
les marronniers moi ça me ramène encore ailleurs
un café tout aussi bondé que notre bus bondé.

62 marron
32 rouge grenat
82 mon arrivée.

vous embaumez notre bus de délicates odeurs
qui me rappellent où se trouve désormais chez moi.
défaire écharpe gants bonnet me suis trompée de saison
c’est bien mai ou peut-être mars cette odeur de mimosa.

au passé recomposé nos vies s’entrecroisent
comme les gazouillis continueront de s’immiscer.
car oui un an presque déjà hélène baky les petites boites en bois l’ocre rouge
un an presque déjà hanoï cet indicible le retour à la terre rouge
un an presque déjà cet homme qui marche en pyjama dans la rue du train

de mes propres yeux
hors de cette tweetvie que vous mentionnez .

vos graines les semer
j’y pense encore
quelle merveilleuse idée
les nigelles bleues

de ci de là les frontières n’ont jamais eu aussi peu de sens
passé futur hier ici demain encore nos jardins lucarnés
dans ces lignes de temps time line here’s our traffic line
mais quel étrange nom donne-t-on à ces flux de pensées
de lirécrire ici là-bas vous savez où.

lignes de temps au pluriel toutes actualisées en même temps
et si la mémoire joue à saute-moutons
vous n’êtes pas sans savoir que mémoire chez moi
est devenue véritable travail sur l’oubli
son acceptation son renouvellement

ces lignes de temps de fuite d’espaces toutes réactualisées –
au sens fort j’entends : revivre l’évènement comme en sa première apparition
eh bien, au moment où il se produit, je le sens.

parfum de mimosa : vous – mais ça aurait pu être lavande chèvrefeuille ou d’autres mots –
frontières tombées jardins ouverts orée de lumière
je passe vous prendre station hôpital boucicaut demain sortie de l’école.

 

par Candice Nguyen

« je suis le danseur étoile, ma sœur est la ballerine, nous ne faisons plus aucun poids, nous volons en l'air, c'est une des jubilations de l'enfance de pouvoir se transformer en plume. » —Hervé Guibert

DANS LES CARNETS

à propos du silence de Larmes (largo di molto)