take me out (tonight)

Montréal Juin 2011

The Smiths – There Is A Light That Never Goes Out

« Take me out tonight
where there’s music and there’s people
who are young and alive
driving in your car
I never never want to go home
because I haven’t got one anymore »

Rêvé ta disparition mon effondrement tes enfants. Ton nom à retrouver, ce courrier l’écrire, et me rappeler que rien dans nos vies ne nous relie l’un à l’autre si ce n’est cette relation elle-même : ton chemin au mien apposé. Et maintenant ? Ton pays, différent, l’imaginer : ces rues sans fin dans lesquelles je me perds, les fouler : à m’épuiser. Et tes proches, ta vie, l’évoquer, t’évoquer : avec qui ?

Rêvé ta disparition mon effondrement tes enfants. Ton nom à retrouver, ce courrier leur écrire, mais pour qui ou pour quoi, et pour eux ou pour moi ? Et ce concert de Godspeed rêvé en plein air, son attente, notre excitation et ces chaises longues improbables. Le regard qui se balade, rapide, nous trouver une place parmi elles, mais sans toi, à trois.

Pas de peau, pas de souffle, pas de bras ni tes seins : seulement toi logée là dans mon crâne et le jour qui pointe encore : vraiment vraiment vraiment improbable. À quand le réveil ?

Pas de peau, pas de souffle, pas de bras ni tes seins : seulement toi logée là dans mon crâne et le jour qui pointe encore : repartir, retraverser, oui, mais pour où ? Et leur écrire ? Mais encore ?

Rêvé le café noir fumant à même le rêve pour rouvrir ces yeux laissés clos par la tension baudruche de mes intestins, son odeur qui picote mes yeux qui pétillent : enfin. Et le téléphone qui sonne, bienheureux, bienvenu, messager, oh je t’aime, te voilà enfin revenue. Et ta voix, et moi comme un con qui te dis pas réveillé : Take me out tonight, oh take me anywhere I don’t care, I don’t care, I don’t caaare.

 

Photographie : Montréal, Juin 2011

par Candice Nguyen

« je suis le danseur étoile, ma sœur est la ballerine, nous ne faisons plus aucun poids, nous volons en l'air, c'est une des jubilations de l'enfance de pouvoir se transformer en plume. » —Hervé Guibert

DANS LES CARNETS

à propos du silence de Larmes (largo di molto)