terre glaise entre les mains (elle demande)

Balmorhea – Lament

elle demande quand vient l’apaisement quand il n’y a plus d’heure ni d’adresse que le jour disparait sous un autre imperceptiblement que le manque s’efface que la nuit éclaire encore les toits alors que les petits papiers froissés sonnent tout juste les douze coups de la nouvelle année trois mots-clefs faites un vœu c’est brûlé crépitements main aux lèvres cheminée elle demande à quel moment au réveil un matin dans le silence de la nuit un compartiment de train une gare un trottoir à quel moment rai de lumière le battement de la vie qui reprend à quel moment la fuite s’achève à quel moment l’écho ricoche à quel moment ce rocher qui meurtrit les genoux la paume de ses mains à quel moment il devient lisse elle demande mais s’il devient lisse alors à quelle prise s’accrocher contre quelle roche s’appuyer terre glaise entre les mains terre meuble sous les pieds à quoi se raccrocher elle demande à quel moment ça va aller elle demande puisque tu regardes tes mains qui ne trouvent plus ton visage ferme les yeux déguste le soleil fier la méditerranée déchire les voiles tristes apaise apaise encore c’est la mort qui t’a assassinée marcia ici un prénom ici son prénom ici ton prénom ici des initiales ici un souvenir ici la trace d’un sourire ici ses yeux rieurs ici ceux qui partent ici ceux qui restent et toi fatiguée d’affronter encore les marées déguste déguste encore les picotements de chaleur sur tes bras nus : ils sont tous nus à reconstruire les châteaux face à la jetée,

 

par Candice Nguyen

« je suis le danseur étoile, ma sœur est la ballerine, nous ne faisons plus aucun poids, nous volons en l'air, c'est une des jubilations de l'enfance de pouvoir se transformer en plume. » —Hervé Guibert

DANS LES CARNETS

à propos du silence de Larmes (largo di molto)