hum, it seems you had a lot to say — (J.B. Pontalis)

Paris, Avril 2012

TYLER, THE CREATOR – BASTARD (Explicit Version)

This is what the devil plays before he goes to sleep
Some food for thought, this food for death, go ahead and fucking eat
My father’s dead, well I don’t know, we’ll never fucking meet
I cut my wrist and play piano cause I’m so depressed
Somebody call the pastor, this bastard is so possessed
This meeting just begun, nigga I’m Satan’s son

< TYLER, THE CREATOR – BASTARD

« Les intraitables. Ils sont légion, mais une légion d’uniques, d’incomparables. Je pense à cet « égaré » de Lenz dans sa course errante à travers les montagnes, à cet « idiot » de prince Mychkine, à tant d’autres qui tiennent les compromis, la soumission, dont nous prétendons que c’est la « vie » qui nous les impose, pour inacceptables. »
< J.-B. PONTALIS, TRAVERSÉE DES OMBRES

De ce désir de vivre
tellement fort, brutal
qu’il panique, dépasse

« L’océan et la montée en force de rouleaux qui nous faisaient crier de plaisir et d’effroi. »
< J.-B. PONTALIS, L’ENFANT DES LIMBES

Une fissure sur le mur
la lumière du jour qui tremble
nos vies en regard
ce que t’arrives à en faire
l’aveu d’un désarroi généralisé
le rêve de corps mêlés
petites morts façon de nous rendre à la vie
la mélancolie qui talonne
talonne et talonne encore
ce que t’as envie de lui dire
ce que t’essaies de lui dire
les mêmes pensées répétées
les mêmes mots couchés sur le papier

fuck you bitch

« Maintenant, c’est sur la pente du temps que je glisse sans repères où m’arrimer. Il m’arrive souvent de ne pas pouvoir différencier le passé et le présent. J’aime cette indistinction qui m’assure de ma continuité, confère une relative cohésion à des fragments épars. Rien de tel dans ce moment d’égarement dont je mesure bien qu’aucun récit ne peut rendre compte. Passé, présent, ces mots-là n’avaient plus de sens. Le temps n’était ni perdu ni retrouvé, il n’était pas dissous, c’était moi qui me dissolvais en lui en me confondant avec lui. Soudain, toute ma vie m’apparaît comme une vie antérieure, elle n’est faite que de vies antérieures. »
< J.-B. PONTALIS, L’ENFANT DES LIMBES

Je crois que tout est déjà là en nous qui n’attend que d’être dévoilé, déroulé. « Dénouer patiemment les fils » d’une présence déjà là, en nous, dérouler encore et encore, le même geste répété, sans fin, jusqu’au bout : l’endormissement, mille ans. Il s’agirait moins alors d’un retour à quelque chose d’originel que de notre extrême lenteur à éclairer les choses, nous les rendre moins opaques, éclaircir point par point jusqu’à ce que le puzzle prenne forme — focus, tu dézoomes : plan large.

Bouche sèche et muette
fermée sur un cri
qui vibre sous la lèvre — –

< PARIS, RUE JEAN ANTOINE DE BAÏF, AVRIL 2012

– — Il s’agirait moins d’un retour à quelque chose d’originel que de notre extrême lenteur à perce-voir ce qui était pourtant déjà là depuis toujours à l’image du film photographique qui n’attend que la chambre noire et l’obscurité pour se révéler, être révélé. Sol meuble, repères bousculés, éclats cristaux. Tout est diffus, en apesanteur. Je regarde les particules de poussière autour de moi, me tente à jouer. En attraper une, mais pourquoi — sinon le jeu.

Mes mains s’ouvrent, mes paumes jouent, tel un mime, ombre lumière ombre lumière. Je regarde le grain de beauté sur mon bras. J’imagine une constellation dans laquelle je pourrais me déplacer de point en point, d’obscurité en obscurité. Faire le grand saut, arrêter le temps, prendre le temps de mettre sur >> pause cette course folle dont on ne sait même plus de quel point on part, avec quelles cartes en main, ni quel point d’arrivée l’on s’était fixé. Pause. Prendre le temps de regarder — –

par Candice Nguyen

« je suis le danseur étoile, ma sœur est la ballerine, nous ne faisons plus aucun poids, nous volons en l'air, c'est une des jubilations de l'enfance de pouvoir se transformer en plume. » —Hervé Guibert

DANS LES CARNETS

à propos du silence de Larmes (largo di molto)