un guide de non-expédition pour branquignoles oui pourquoi pas

les petits polaroids retrouvés, Islande oct. 2013

J’ai fait de plus loin que moi un voyage abracadabrant
il y a longtemps que je ne m’étais pas revu
me voici en moi comme un homme dans une maison
qui s’est faite en son absence
je te salue, silence

je ne suis pas revenu pour revenir
je suis arrivé à ce qui commence
Gaston Miron, L’homme rapaillé, « Liminaire »

Songs: Ohia – Nobody Tries That Hard Anymore (live)

hier j’ai acheté tout un tas de littérature polaire. j’en attends encore par la poste. pas trouvé le moindre guide sur le Groenland dans les rayons. étonnant pas tant. V. plaisante et lance que je l’écrirai. je suis bien incapable de ce genre de choses. même jamais véritablement skié de ma vie. alors un guide de non-expédition pour branquignoles oui pourquoi pas.

je trouve un guide aussi sur l’Écosse, le range fissa dans un coin. les guides m’ont toujours profondément ennuyée. lecture capricieuse, yeux qui dérivent, sautent une ligne, deux, trois chapitres, se contentent de la fiche signalétique, devise locale, superficie, cartes des villes et générale. tu parles d’une organisation. sauf que voilà. m’est venue la lubie de partir seule vers le grand nord du globe, pas dans un quatre étoiles et pas sportive pour un sou. je prends la mesure de la chose.
_les journaux d’expédition, ça c’est autre chose par contre : journaux de voyage, de vie et de bord en tout genre qui ont peu à peu remplacé les romans sur mes étagères, en parfaite continuité avec mes poussiéreuses ethnographies d’antan. pas tant que je me rêve en grande aventurière ni à d’autres vies que la mienne, mais la vie est lente et le temps passe vite. bienheureux soient ces yeux et ces cœurs qui mettent en partage ce qu’on ne saurait réaliser en dix vies.

c’est lorsqu’on me demande pourquoi et comment je pars, que cela devient un peu plus clair (mais comment nommer ce que l’on ne connait pas). eus le temps de cogiter à rien de tout ça ces dernières semaines que le temps file encore, si vite, entre les doigts. je ne pars pas pour traverser la banquise d’Ouest en Est en tirant une pulka rouge derrière moi (j’ai mes journaux d’expédition pour cela, pas folle la minus citadine lézarde au soleil). je pars pour essayer un autre rythme. de lumière. de temps. de bruit. de silence. de vent. d’espace. je partirai aussi longtemps que logistiquement et financièrement il me sera possible.

 

plus bas, des petits polaroids retrouvés et enfin scannés, avec A. lors de notre échappée islandaise pour l’année de ses seize ans (ils sont tous foncièrement ratés et nous particulièrement bien mises en valeur, sans compter tous ces polas jetés à cause du froid. je n’emmènerai pas le Polaroid tout là-haut. (quoi que)

les petits polaroids retrouvés, Islande oct. 2013
les petits polaroids retrouvés, Islande oct. 2013
les petits polaroids retrouvés, Islande oct. 2013
les petits polaroids retrouvés, Islande oct. 2013
les petits polaroids retrouvés, Islande oct. 2013
les petits polaroids retrouvés, Islande oct. 2013
les petits polaroids retrouvés, Islande oct. 2013

 

par Candice Nguyen

« je suis le danseur étoile, ma sœur est la ballerine, nous ne faisons plus aucun poids, nous volons en l'air, c'est une des jubilations de l'enfance de pouvoir se transformer en plume. » —Hervé Guibert

DANS LES CARNETS

à propos du silence de Larmes (largo di molto)