d’imprévu

From Reykjavik to Akureyri, 2013

« Le ciel, de nouveau, illumine tout de son rire, et sur toutes choses un air surabondant brasille. Le pays lointain, étranger, m’appartient à nouveau, il est devenu terre natale. Aujourd’hui j’ai élu domicile près de l’arbre qui domine le lac, j’ai dessiné quelques nuages et une cabane entourée de bétail. J’ai écrit une lettre que je n’enverrai pas. Maintenant je sors mon repas de mon baluchon : du pain, du saucisson, des noix, du chocolat. »
Hermann Hesse, Description d’un paysage

Fink – Sort of Revolution
 

d’imprévu : quelques jours en écosse au printemps. ce matin le ciel était tant azur que je commençais, dans une énergie propre à la rêvasserie, à me renseigner quant aux connexions aériennes possibles de mon voyage. si je passe quelques jours à reykjavik avant de filer un mois ou deux ou trois, si je fais la route circulaire de l’islande au retour du groenland, si je reviens ou trace par là, quelles compagnies low cost pour quelles villes, si je passe par le nord de l’europe, si les ours, si les grands espaces, si les vols internes, si le stop, si les chiens de traineau. et puis rien à voir comme toujours lorsqu’on emprunte les chemins de la rêverie (techniquement matérialisés en deux mille quinze par l’ouverture de trente-huit onglets en même temps), j’ai réservé des billets pour l’écosse au printemps – ce, de façon complètement décorrélée « du » voyage.
mon carnet de notes ne sait plus très bien par quelle route commencer. ravie. ravissement. il se dit aussi à la nuit tombée, que seul, c’est quand même vachement plus facile. y a pas à s’inquiéter ni convaincre de rien. que les routes, c’est la joie. que moi j’ai choisi la joie. que de ces imprévus on tire du petit bonheur en paquets énormes. que si l’horizon était tout tracé, on arrêterait tout, tout de suite. que les boulets on oublie. comme ces poids qui vous contractaient des reins à la nuque aux bras au bout des doigts. que la vie est lente mais que d’avoir quitté mon job c’était de loin ma meilleure idée de l’an passé. qu’en inspirant toujours plus lentement et plus profondément, face soleil yeux fermés, la panique et le sentiment d’abandon vous ont quittés. on sent de nouveau le sol sous ses pieds, on est en entier, bien en entier, plein, l’oiseau peut s’envoler.

par Candice Nguyen

« je suis le danseur étoile, ma sœur est la ballerine, nous ne faisons plus aucun poids, nous volons en l'air, c'est une des jubilations de l'enfance de pouvoir se transformer en plume. » —Hervé Guibert

DANS LES CARNETS

à propos du silence de Larmes (largo di molto)