« Mais loin d’être seulement le miroir trompeur du passé, sa doublure imaginaire, le langage est le réceptacle de nos désirs inassouvis, comme aussi une prière adressée par soi à soi-même et aux autres qui rarement l’entendent ou ne l’entendront que lorsqu’il sera trop tard. »
Louis-René des Forêts, Face à l’immémorable
la vie qui coule comme un filet d’eau entre les doigts, tendre, arrachante, la modification du regard, les yeux comme crevés autrement occupés ;
il s’agit de reprendre ce qui était déjà là, les silences rétiniens, les persistances, la liberté de s’extasier et d’indifférence ; mon extrême lenteur à dénouer les fils, les mordre, les rompre, reprendre encore et toujours les chemins sans ciller — inconnus, incertains ; en redemander encore : l’épuisement face à l’immobile, ferme les yeux (eaux noires, ciel blanc, oiseaux partout) ; pennsylvania lines, i don’t know where i’m going but i’m on my way, c’est ce que la dernière carte postale que j’ai reçue d’outre-atlantique me dit.
Photographies :
Vatican fév. 2014, Reykjavik & Akureyri oct. 2013, Marseille fév. 2014
*silences rétiniens