c’était un jour de neige (René Pons)

« Désormais chaque seconde est une menace silencieuse. »
« Si éloigné qu'il soit de la scène, chacun de nous, qu'il le veuille ou non, fait partie de la distribution. »
« En bas, dans la plaine, l'usine atomique. Désormais chaque seconde est une menace silencieuse. La catastrophe est devenue chronique. Paradoxalement, dans cette société dite, à juste titre, du spectacle, il n'y a plus de spectateurs pour le drame qui se joue. Si éloigné qu'il soit de la scène, chacun de nous, qu'il le veuille ou non, fait partie de la distribution. » René Pons, Carnets du Vide, 1991

Wendy Sutter – Songs & Poems for Solo Cello II – Philip Glass
 

Traverser la France d’un bout à l’autre, ne rencontrer que le blanc et les terres disparues dans le feutre silencieux de décembre. Les ventres pleins, les coffres et les galeries saturés. Le temps de deux jours les morts s’étaient rappelés à nous avec plus de vigueur que d’ordinaire et quand il y en avait, les enfants nous les avaient rendus joyeux. Quelque agitation dans les maisons, temps d’arrêt imposé dans l’année finissante, nous avions tenté, à hauteur de ce que nous pouvions, d’oublier le reste. Le poids des jours, de la fatigue, du quotidien : c’est à cela que sert le rite. Et pourtant, sur le chemin de retour déjà, le flux immobile et sans fin des voitures ainsi que le passage répété à proximité de tant de centrales, Nogent, Belleville, Saint-Alban, Cruas, Bollène… nous écartaient de nos tristes nombrils pour nous ramener avec plus de force encore à notre responsabilité d’être au monde.
 

* Photographie entre Mâcon et Lyon_26 Décembre 2010. Légendes (en cliquant dessus) extraites des Carnets du Vide de René Pons aux éditions Jacques Brémond, 1991.

par Candice Nguyen

« je suis le danseur étoile, ma sœur est la ballerine, nous ne faisons plus aucun poids, nous volons en l'air, c'est une des jubilations de l'enfance de pouvoir se transformer en plume. » —Hervé Guibert

DANS LES CARNETS

à propos du silence de Larmes (largo di molto)