שׂדה

© candice nguyen

Angelo Badalamenti x Ohad Naharin x Batsheva Dance Company x Maxim Waratt — Diane and Camilla (Mulholland Drive OST)
 

שׂדה

vient d’une racine au sens de s’étendre, champ, terre, champ cultivé, territoire, demeure des bêtes sauvages, plaine versus montagne, terre versus mer. trouvé 333 fois dans 309 versets de 30 livres de l’Ancien Testament où il a été traduit par champ, territoire, campagne, propriété. si le nombre n’est pas exact, qui pour encore s’en soucier. Genèse : 48. Exode : 22. Lévitique : 25. Nombres : 8. Deutéronome : 14. Josué : 4. Juges : 12. Ruth : 16. 1 Samuel : 22. 2 Samuel : 13. 1 Rois : 5. 2 Rois : 12. 1 Chroniques : 8. 2 Chroniques : 4. Néhémie : 10. Job : 5. Psaumes : 10. Proverbes : 5. Ecclésiaste : 1. Cantiques : 3. Esaïe : 10. Jérémie : 27. Lamentations : 1. Ézéchiel : 26. Osée : 7. Joël : 6. Abdias : 2. Michée : 5. Zacharie : 1. Malachie : 1.

au hasard, tu pourrais puiser écrire reprendre étendre. au hasard, tu pourrais t’épuiser à écrire cultiver distendre. sans hasard aucun, tu prends la vingt et unième occurrence des trois premiers livres. Un. C’est le champ qu’Abraham avait acquis des fils de Heth. Là furent enterrés Abraham et Sara, sa femme. Deux. Tu observeras la fête de la moisson, des prémices de ton travail, de ce que tu auras semé dans les champs ; et la fête de la récolte, à la fin de l’année, quand tu recueilleras des champs le fruit de ton travail. Trois Et quand l’acquéreur en sortira au jubilé, ce champ sera consacré à l’Éternel, comme un champ qui a été dévoué ; il deviendra la propriété du sacrificateur. et ainsi de suite chaque vingt et unième occurrence tu prendras. du sang partout il y aura, les larmes, pour un bout de terre, un bol à partager, ces barrières à dresser, les corps dans l’effort, leurs frictions, l’un contre l’autre puis les uns contre les autres, la peur la haine, la sueur, l’incompréhension. Quatre + cinq Tu transporteras sur ton champ beaucoup de semence ; et tu feras une faible récolte, car les sauterelles la dévoreront. et cetera et cetera et cetera.

il y aura il y a eu il y a le tremblement les larmes la rage la sueur, l’amour des corps les décors défaits les couleurs, passées, l’oubli, ton nom, son visage, ton regard, les cris, la sueur sur les corps et le sel encore en plein jour, la claque, éblouis, dans la nuit noire le battement, aveuglante si vaste la nuit, l’acharnement des combats la souffrance, ton désir les leurs les nôtres, le retour au silence dans les plaines dans les champs nos demeures, nos ruissellements leurs tentatives, les chutes nos sécheresses la hargne, un souffle un éclair — bêtes sauvages dans les terres dans la roche, indomptables dans les eaux dans les airs, les forêts, cette ville, leur dernier geste dernier souffle — dernier cri,

 

21שׂדה (sadeh 21)

 

 

Photographies : Aux sorties de Marseille, Genève, Bellegarde sur Valserine, Lyon, Cournonterral, mai 2013

par Candice Nguyen

« je suis le danseur étoile, ma sœur est la ballerine, nous ne faisons plus aucun poids, nous volons en l'air, c'est une des jubilations de l'enfance de pouvoir se transformer en plume. » —Hervé Guibert

DANS LES CARNETS

à propos du silence de Larmes (largo di molto)