et des plantes repoussent autour des corps des enfants morts

Cimitero Staglieno, Genoa, septembre 2016

The Freemartin Calf – The End / Credits

_nervi genoa liguria. j’aurai finalement fait mon escapade italienne cette année. prendre des trains et des bus là où l’on ne les attend pas. errer le littoral les rues les quartiers. jusqu’à la tombée du jour. la peau salée. la peau cramée. reprendre les funiculaires les escaliers. marcher encore. le cimetière de staglieno. monter descendre se faire attaquer par des hordes de moustiques minuscules au détour de pierres tombales avachies disloquées minuscules. et des plantes repoussent autour des corps des enfants morts.
de vieilles photographies démultipliées racornies griffées effacées des toiles d’araignée la poussière les feuilles mortes : un rayon de lumière sur la statue d’un ange ou aux pieds d’une jeune fille en train de lire.   la jeune fille est une statue. il n’y a pas l’ombre d’un vivant là où je me trouve. les anges pleurent aux épaules des petits tombeaux. les fleurs ont fini de sécher depuis longtemps. les femmes implorent quand d’autres se sont endormies. c’est la mort dans les mains qu’elles regardent. littéralement. je veux dire : la représentation de la mort par un crâne disposé entre leurs cuisses, leur main pour la soutenir la caresser et sûrement   l’accepter. tant d’humanités (au pluriel) et tant de vies. je n’avais jamais vu ça ailleurs. ce lieu. cette charge émotionnelle sur plus d’une trentaine d’hectares. j’y reviendrai (dans la vraie vie mais je voulais aussi surtout dire, ici, dans cet espace web de partage).
ligurie. et partout ailleurs. on aimerait bien marcher à se perdre. mais on erre. sans jamais réussir à se perdre. c’est le principe même de l’errance. comment se perdre quand on n’a pas de destination. il faudrait dérouler ces jours incroyables dans un véritable billet (dès que mon rush de rentrée sera passé). quelque chose de la métamorphose de soi. remuée. et son retour à pleurer face aux murs qui s’élèvent.

Cimitero Staglieno, Genoa, septembre 2016
Cimitero Staglieno, Genoa, septembre 2016
Cimitero Staglieno, Genoa, septembre 2016
Cimitero Staglieno, Genoa, septembre 2016

 

Photographies :
Cimitero Staglieno, Genoa, Italie, septembre 2016

par Candice Nguyen

« je suis le danseur étoile, ma sœur est la ballerine, nous ne faisons plus aucun poids, nous volons en l'air, c'est une des jubilations de l'enfance de pouvoir se transformer en plume. » —Hervé Guibert

DANS LES CARNETS

à propos du silence de Larmes (largo di molto)