être au monde

08 avril 2015, Inverness, Écosse

Songs: Ohia – Coxcomb Red

« and I wanted that heat so bad
I could taste the fire on your breath
and I wanted in your storm so bad
I could taste the lightning on your breath

you said every road is a good road
between the next road and then your last road »

mon corps est fait de terres brûlées et de puits sans fond de lumière, je me fous de savoir de quoi demain sera fait mais des rêves sur lesquels il faudrait ne jamais rogner, c’est aujourd’hui que j’en fais les projets.
je crois en une vérité crue, une parole libérée, à l’improbable réalisé, je crois en une vérité crue, en dehors des mots, aux rencontres vives parsemées de vents violents qui soulèvent la mer comme la houle un matin lumineux d’hiver, je crois en des chemins libres et libérés – des compromis, des qu’en dira-t-on et ‘chaque chose en son temps’, je crois en la brutalité des rencontres, la fulgurance des instants, et toutes ces choses qui n’existent que parce qu’on leur tend les mains, plurielles, ouvertes toutes dans un élan pleinement conscient.
de danser léger, écorché, traversé, c’est ce que je souhaite à ceux que j’aime; à moi-même, c’est un vœu, un manifeste, plus qu’une ligne de conduite encore – patience – de cette vie lente, ses chantiers nombreux, méticuleux.
de mes rencontres, de mes pertes et mes deuils j’ai appris petite chose bien ardue : qu’il n’y a de pas à faire à demi mais seulement dans leur force vive et l’étincelle de leur énergie, ce qui me coûte pourtant vraisemblablement tant à chaque tournant :
voici le prix à payer.
je pense parfois que les chemins que j’emprunte sont des pentes trop abruptes pour la fragilité qui me fait, que les mots gimme a shelter sonnent doux à mon cœur, et doute souvent devant ce trop plein qui déborde, ses côtes accidentées sur lesquelles il est difficile de s’arrimer; mais ce sont là les chemins de ma liberté, et à force d’une intransigeance si brute face à la vie, ceux de ces solitudes ouvertes sur le monde peut-être aussi.

Photographie : 8 avril 2015, 09h56, Inverness, Écosse

par Candice Nguyen

« je suis le danseur étoile, ma sœur est la ballerine, nous ne faisons plus aucun poids, nous volons en l'air, c'est une des jubilations de l'enfance de pouvoir se transformer en plume. » —Hervé Guibert

DANS LES CARNETS

à propos du silence de Larmes (largo di molto)