place à la cuisine

upernavik © candice nguyen

Jason Webley – Map

_texte qui sied parfaitement à mon état (et que j’envoie en adresse à Christophe Grossi, juste comme ça) :

POU
« Il y a beaucoup plus de fourmis, mouches, poux, et probablement d’escargots sur cette vieille planète qu’il n’y a d’êtres humains, malgré leur capacité à se milliarder jusqu’à ce que disparition s’ensuive. On aurait pu le dire aussi des poissons, qui occupaient l’élément recouvrant quatre cinquièmes de la surface dévolue, pour ce qu’il en reste, aux fourmis, mouches, poux, escargots et êtres humains, mais ceux-ci les ont déjà quasi épuisés. Une fois, j’ai lu un livre fascinant sur la vie du pou, et sa capacité à s’endormir quatre mois ou deux ans sur un brin d’herbe, et se laisser tomber si sa perception lui enseignait qu’une masse chaude se déplace en contrebas. Parmi ceux qui tombaient, certains s’accrochaient à la masse chaude, perçaient la peau animale et se reproduisaient. Je n’ai jamais retrouvé ce livre, ni le nom de l’auteur qui l’a écrit – c’est peut-être logique. De toute façon, le plus beau pou restera celui qu’invente Lautréamont, qui avait compris (jusqu’à se l’appliquer lui-même ?) cette fuite en avant de notre espèce, qui ne sait pas dormir. »
François Bon, Fragments du dedans

_je retrouve des quantités astronomiques de photos que j’ai laissées en sommeil
(ici sur les routes islandaises :
fin 2013 pourtant);

bordel qui sommeille - islande

alors vient cette pénible question : quand m’attellerai-je à celles prises au-delà du cercle polaire l’été dernier, parce qu’il y a là trois mois de prise de vue quotidienne et non pas les maigrichons quinze jours islandais). les cartes SD sommeillent dans les tiroirs, les films dans leur petite boîte en plastique attendent d’être révélés, les textes laissés en jachère finissent de s’imprimer au creux de moi;

_2015, une année bien trop ceci et bien trop cela pour en ressortir indemne, cela fait deux mois que je vide entièrement ma tête et réinvestis mon corps (sport kiné danser). arn. me demande si je vais écrire moi aussi pour les Nuit & Jour de la semaine prochaine. mais en fait j’ai la tête comme coquille vide qui se délecte des embruns qui passent. alors je crois que non. bonne qu’à puiser chez les autres en ce moment (au moins une chose que je sais faire encore consciencieusement – et me vient alors la même réflexion que françois bon).

_trouvé néanmoins enfin les outils qui me permettront de présenter une version web de ce projet arctique consacré à la lumière : c’est qu’il me faut toujours trouver la forme que le projet prendra avant de m’atteler à la production de quoique ce soit – la forme étant indissolublement liée au fond, et sa possibilité-même d’écriture.

_dans les notes éparses, ce livre sur upernavik que j’ai photographié pour garder traces de l’histoire de mon lieu de résidence (la petite maison au toit pointu et plongeant, avec sa petite échelle) ;

upernavik © candice nguyen
upernavik © candice nguyen
upernavik © candice nguyen
upernavik © candice nguyen

_cadeau pour tromper l’impatience : une photo prise depuis la petite maison au toit pointu;

upernavik © candice nguyen

_place à la cuisine prochainement maintenant que le récipient a été trouvé ?

par Candice Nguyen

« je suis le danseur étoile, ma sœur est la ballerine, nous ne faisons plus aucun poids, nous volons en l'air, c'est une des jubilations de l'enfance de pouvoir se transformer en plume. » —Hervé Guibert

DANS LES CARNETS

à propos du silence de Larmes (largo di molto)