est-il possible qu’il y ait une lumière encore plus naturelle. qui déchire et chante.

Craig Walker, mars 2014

Archive – Fuck U

II
« regardez cette terre où nous suis. âmes perdues. lune ratée au-dessus du carnaval. déserté. il n’y a pas de crépuscule sur cette île. la nuit tombe comme un rideau final. c’est si shakespearien. carnaval de sots. des séduits et des abandonnés. des dupés. l’éthiopien écorché, dormant tout au long du truc. le léopard se retourne. rougissant presque en découvrant sa veste soyeuse et sans tache.

IV
je découvre la drague des anges. au lieu de caresses ils font battre leurs plumes pures. rapide mouvement d’aile. paon prétentieux et décoloré. plus incroyable que les éventails chinois tant vantés. des éventails qui plumaient le héron blanc jusqu’à ce qu’il soit sec et chauve. ils battent battent. ils me laissaient souffle coupé. sans tache et pourtant satisfaite. complètement lessivée. pourtant je me demande… est-il possible qu’il y ait une lumière encore plus naturelle. qui déchire et chante. une flèche de chrome épais soigneusement polie.

V
regardez-moi marcher à travers la jungle. nue quelle noblesse. la seule sauvage encore vivante. civilisée et pourtant sans point de suture. au-dessus de moi l’aigle blanc. énorme mythique. qu’il soit albinos ou mystique pour moi c’est la même chose. il est aussi gros qu’une hutte à présent. sa bite descend. comme une échelle du ventre de l’hélicoptère de sauvetage. échelle immense parfaite. pont de singe. une arche. une piste d’envol. si visible que je peux avoir les animaux grimper en courant par deux. pour être en lieu sûr il est sur moi. nous savons que faire. ébranler la nuit par l’amour. synchronisation des souffles. le sexe, contrairement à l’étranger, peut déplacer les montagnes. et je suis un trou béant. un puits à bite. et la sienne (celle de l’aigle) est si adaptée. dois-je protester. l’espace d’un instant, no-ahh. vertu sacrifiable. angles brouillés. »
Patti Smith, « Witt » in Les Années 70, Premiers écrits

_revu hier la scène d’ouverture de la saison 2 de The Leftovers. Comme dirait arn. : im-men-se. Comme toute la série. A tous points de vue. On s’est dit qu’on n’avait pas arrêté de chialer en la regardant. de la question du deuil. de ceux qui restent.
de ce qu’on fera. seuls tous ensemble.

_alors que je pars bientôt de nouveau sur les routes, j’envoie le deuxième emailing de ma vie pour prospecter pour du boulot. si tu cherches quelqu’un, je suis là. et mon ordi me suivra. et puis je viens de lire ce billet-ci de Sébastien Ménard reprenant les mots de Neil Jomunsi, qui colle parfaitement au fil de mes pensées et l’état actuel des choses pour moi (exception faite de l’appel politique). tout recommencer, tout réécrire, tout reprendre en main, à commencer par notre pouvoir de décision.
(c’est quand même un chemin semé de pas mal d’embûches il faut l’avouer et qui coûte pas mal, déjà rien qu’à son petit niveau, à la tranquillité d’esprit. pour ma part néanmoins, impossible de faire autrement. on puisera donc l’énergie pour ces routes incertaines et vitales quelque part entre le crépuscule et l’aurore.)

Max Richter – Departure (Home), The Leftovers OST

_pas facile, non pas facile du tout cette histoire de la vie. Qu’est-ce qu’on fait là à un moment dit-on (à Kinshasa ou dans sa vie à l’instant t). c’est par ce genre de questions peut-être que la vie prend consistance.

 

Photographie : l’ami Craig de passage à Marseille, mars 2014 (toujours ma même lenteur à exhumer les photos)

par Candice Nguyen

« je suis le danseur étoile, ma sœur est la ballerine, nous ne faisons plus aucun poids, nous volons en l'air, c'est une des jubilations de l'enfance de pouvoir se transformer en plume. » —Hervé Guibert

DANS LES CARNETS

à propos du silence de Larmes (largo di molto)