everything means nothing to me (Elliott Smith & more)

Edimbourg, avril 2015 © candice nguyen

The Color Bars Experience (Jason Lytle) – Everything means nothing to me
 

Quelqu’un a trouvé l’avenir en forme de statue au garde à vous
dans une fontaine, regardant en arrière dans une flaque d’eau
avec sur l’épaule un oiseau bleu qui chante sans cesse, à tout propos
Tout n’a aucun sens pour moi
Tout n’a aucun sens pour moi
Tout n’a aucun sens pour moi
J’ai ramassé la chanson et j’ai trouvé ma photo dans le journal
le reflet dans l’eau montrait un homme de fer qui essayait de saluer
encore depuis un temps où il était tout ce qu’il est censé être
Tout n’a aucun sens pour moi
Tout n’a aucun sens pour moi
Tout n’a aucun sens pour moi
Elliott Smith, « Everything means nothing to me »

 

« De la fenêtre un homme regarde le monde. C’est toujours comme ça que ça commence. Par cette attente interminable. Un homme assis, et qui regarde. Depuis des années, des siècles peut-être. Avant même la fenêtre et le corps immobile. Il est comme un pur regarder qui chaque fois s’incarnerait dans la singularité de chaque nouveau regard. Mais, en même temps, ce qu’il voit ne l’atteint pas. C’est comme si les aubes et les crépuscules, les saisons lentes ou rapides, la nature, les choses et les hommes glissaient sur la vitre, l’abandonnaient à son immobile solitude. Alors, quittant le fascinant spectacle, ses yeux reviennent à la page où ses mains tracent de temps à autre quelques lignes incertaines. À ce moment il lui semble percevoir comme un accord soudain : celui de sa fragile durée humaine et de l’instant absolu du monde. Avec, dès que ses yeux se lèvent à nouveau, retrouvant la vision perdue, le sentiment d’un irrémédiable écart – d’une infime blessure. Un sentiment d’y être et de n’y être pas. Serait-ce cela la beauté, se demande-t-il. Et écrire, ce désir à chaque fois de réparer l’imperceptible accroc ? (…)

L’homme, à présent, a perdu son visage. Et, dans le vide qu’il en reste, est venu s’inscrire le visage du monde. Comme si, de l’un à l’autre courait la même intensité.(…) Dans ce dehors qui, maintenant, lui est le plus intime. Alors, il n’y a plus ni corps, ni fenêtre, ni langage, ni monde, mais un seul mouvement. Sans dedans ni dehors. » Jacques Ancet, La voix de la mer

 

_merveille : passé une soirée magnifique hier à Six-Fours Les Plages, en compagnie de The Color Bars Experience (Jason Lytle (Grandaddy), Troy Von Balthazar (Chokebore), Ken Stringfellow (The Posies, R.E.M.), accompagnés d’un orchestre) qui reprenaient Figure 8 d’Elliott Smith… tu parles d’une soirée… ! Tu peux écouter >ici< une session enregistrée à la Maison de la Radio en mai dernier — mais c’était franchement mieux à Six-Fours ;) *

_période de fin d’année. heureuse comme beaucoup qu’elle s’achève, cette année 2015 qui fut pour ma part haut en couleurs et montagnes russes. j’en retiendrai néanmoins énormément d’amour, peut-être plus qu’à l’accoutumée, les autres années m’ayant littéralement filé entre les doigts. ça fait du bien de reprendre entièrement possession de sa vie – et ce au-delà de tous les voyages que je me suis accordés (c’est un peu indécent tous ces avions et toutes ces routes que j’ai empruntés en un an que je suis prête à récidiver une fois la fatigue envolée). l’indécence est quelque chose qui me va bien pour la vie.

_enterrez bien cette année, rendez-vous saouls à en danser entre ciel et eaux, à la rentrée, pas mal de projets qui se préparent. dans ceux-là, j’aimerais bien mettre en place mes feuilles volantes arrachées à la nuit, au sel et au vent, et déposées dans vos boîtes postales, je vous en reparlerai… envoi de douceur d’ici là et hell yeah 2015 is almost over.

_post-scriptum : vous pouvez m’envoyer vos douceurs également le jour du réveillon de noël où j’ai eu l’étrange idée de venir au monde il y a trente-trois ans.

 

Photographie : Édimbourg, avril 2015.
On dirait que Doc a l’air paumé lui aussi, il ne sait plus très bien où il a atterri, ni où est Marty (en attendant, il mange une glace).
(d’ailleurs, je ne vous ai pas dit que j’avais pris en photo des Esquimaux en train de manger des esquimaux cet été quand j’étais là-haut… voilà c’est tout.)

* et sur Arte live web jusqu’au 23 décembre 2015 seulement

par Candice Nguyen

« je suis le danseur étoile, ma sœur est la ballerine, nous ne faisons plus aucun poids, nous volons en l'air, c'est une des jubilations de l'enfance de pouvoir se transformer en plume. » —Hervé Guibert

DANS LES CARNETS

à propos du silence de Larmes (largo di molto)