ils disaient bien moins que ça

sel et vent

Tom Waits – Wrong side of the road

j’ai regardé furtivement mes poumons hier en transparence sur la lumière blanche. je ne sais pas ce qu’ils pouvaient bien raconter à huit heures du matin alors que je suis à peine éveillée encore et que le café n’a pas fini de descendre dans la trachée. en tout cas il m’en reste une photographie dans les tons grisâtres, j’avoue être un peu déçue de la qualité du tirage, j’aurais voulu un cliché un peu plus contrasté, à l’image de ces jours, de quoi me réveiller de bon matin, et bien que le froid de la paroi contre laquelle il aura fallu plaquer ses épaules endormies et son torse nu juste auparavant aurait suffit pour réveiller n’importe quel corps. mais non c’est un aplat monochrome, la monotonie-même de l’automne qui envahit chaque parcelle de plaine, une franche déception. c’est la première fois que je pouvais voir au-dedans de moi et à travers moi. il ne s’y dit aucun chuchotement aucun secret aucun murmure aucun commérage, sciences combien obscures d’un terrible ennui. madame relevez vos cheveux, en un palmier années quatre-vingt, qu’on ne voie pas qu’eux. allez y respirez, gonflez, maintenez, c’est bon, vous pouvez vous rhabiller.

 
 

— il s’est dit bien plus de choses ici le soir de ce non-évènement dans ce non-lieu*. ça vibrait plus fort et plus grand. les gens étaient heureux.

par Candice Nguyen

« je suis le danseur étoile, ma sœur est la ballerine, nous ne faisons plus aucun poids, nous volons en l'air, c'est une des jubilations de l'enfance de pouvoir se transformer en plume. » —Hervé Guibert

DANS LES CARNETS

à propos du silence de Larmes (largo di molto)