journée grise et championnat de football, Upernavik (Groenland)

_extrait du carnet de notes de là-haut, daté d’il y a un an ; Upernavik, Groenland :

72°47′13″N 56°8′50″W

Upernavik, Groenland © candice nguyenUpernavik, Groenland © candice nguyen© candice nguyenUpernavik, Groenland © candice nguyenUpernavik, Groenland © candice nguyenUpernavik, Groenland © candice nguyenUpernavik, Groenland © candice nguyenUpernavik, Groenland © candice nguyenUpernavik, Groenland © candice nguyen

Glissando – Still I

Mercredi 5 août. 62ème jour. Bonne nuit de sommeil. Je me réveille une première fois vers 9h assez en forme et finalement me rendors pour ne me lever qu’un peu avant midi. Incroyable le rythme de sommeil ici. Dehors, il fait gris, de nouveaux icebergs sont apparus tandis que celui qui se trouvait derrière l’îlot a dévié et est désormais visible sur l’horizon, complètement affaissé. Ciel gris, mer grise, glace grise et bleue. Je prépare des numéros de PLATEFORM pour Anders* ainsi que la vidéo de René sur une clé USB. Je lance une machine. Vers midi trente je sors pour la lui amener mais le musée est fermé. Profite-t-il de la venue de son ami dès la journée ?
Je passe au Tele-Post poster la carte postale pour D. puis au Pilersuisoq (café, 8 oranges, 3 paquets de soupes individuelles x3, un paquet de cigarettes Prince légères). Beaucoup de mouvements dans Upernavik ce jour, l’île est en ébullition. Je vois arriver plein de bateaux à l’horizon, plusieurs voitures s’affairer d’une rue à l’autre, sur le panneau du Pilersuisoq un nouvel affichage « TAXA 227 228 » (il y aurait donc des taxis sur cette île finalement !): le championnat de football démarre à 14h (et ce jusque 19h me dit l’affiche sur le tableau) et continuera les trois prochains jours. Je m’y rendrai demain.
Je rencontre des bandes de jeunes aux têtes mélancoliques et paumées d’ennui qui remontent en sens inverse du mien la route, direction le stade, avec dans les mains un drapeau du Groenland et un mini-poste audio crachant une mauvaise musique techno qui déchire le tableau.
En rentrant, je me décide à écrire d’autres textes que celui en cours, me disant que cela ne sert à rien de passer autant de temps à bloquer et fignoler quelque chose qui sera l’objet de maintes révisions. Autant profiter de cette plage immense d’écriture qu’est ce mois d’août fabuleux pour écrire, écrire et écrire – des formes courtes ou plus longues qu’importe, tant qu’elles prennent vie ici. Je regarde « Premiers pas sur la banquise » (le Vagabond, les premiers pas de la petite Léonie sur la banquise) et « Le Passage du NO » du Vagabond.

22h46. Il fait bien sombre dans la maison. Je sors sur le perron prendre quelques photos de l’horizon : un très mince filet de lumière sur la mer juste en dessous de la ligne l’horizon éclaire d’une lumière diaphane deux trois icebergs dérivant.
J’allume quatre photophores que je dispose sur la fenêtre du bureau face à la mer, allume la petite lumière au-dessus du canapé rouge. Lumière douce sur les lattes de bois. Les sentinelles de plus en plus nombreuses se rapprochent de la côte.

02h21. Je viens de comprendre un élément important de la maison : sur le rebord de la fenêtre du salon, je trouvai une petite lame de rasoir que j’ai rangée au début dans le tiroir du bureau avant de me raviser en en découvrant une autre sur le rebord d’une fenêtre à l’étage. À l’instant je viens de comprendre l’utilité de ces lames : contre le givre hivernal des fenêtres. Eurêka.
Ecrit pas loin de 4 pages aujourd’hui. Continué les images encore. Je regarde en me couchant « La banquise craque » (une anonyme rejoignant une équipe de scientifiques au Spitzberg venant poser des sondes sous la banquise pour mesurer sa profondeur, les températures de l’eau extérieure et sous-marine, la formation de la glace et ses évolutions. La station scientifique s’avère en réalité être le même Vagabond). Pas fatiguée, je regarde après « Le Passage du NE » du Vagabond, antérieur au « Passage du NO » donc, et qui est beaucoup moins bien. Le Manguier a effectué le passage du NO avec Eric Bouttier et France d’ailleurs, mis du temps à me rappeler les protagonistes du film du Manguier que je m’en remets quelques extraits.
Couchée bien après 4h.

 

* Anders que j’enregistre deux jours plus tard chez lui à son insu alors qu’il est en train de chanter seul dans sa chambre tandis que ses amis et moi sommes dans le salon, entre contemplation du stade de football qui se trouve à quelque distance en contrebas, murmures et silences.

Vocal Anders L. C., Upernavik (07/08/2015)

 

par Candice Nguyen

« je suis le danseur étoile, ma sœur est la ballerine, nous ne faisons plus aucun poids, nous volons en l'air, c'est une des jubilations de l'enfance de pouvoir se transformer en plume. » —Hervé Guibert

DANS LES CARNETS

à propos du silence de Larmes (largo di molto)