toujours en vie — et combien | & conversations avec frédéric chabot

 

The Arrows – We have love
(we may not have a decent home to call our own…)
 

_l’hiver dernier, je rencontrai frédéric arthur chabot à montréal. frédéric dont nous avions publié le travail dans PLATEFORM Magazine (dans le n°3 de février 2009 puis dans le n°35 oct. 2011 — oui je sais : le temps file).

_de cette rencontre, 2 petites choses à partager ici. la 1ère, c’est cette photo-mémoire de notre conversation que j’avais publiée et que je vous remets ci-bas.

_l’autre soir. Montréal. première rencontre. on parle de photographie. de chambre noire. de l’hiver. des fruits et légumes qui goûtent le carton ici. et alors que je lui parle de Tanger, de la Méditerranée, du vertige et de la culpabilité ressentis en contemplant Tarifa et notre vieille Europe depuis l’autre rive, voilà qu’il me sort tout droit de ses poches deux petits bouts de papier avec l’exacte représentation de ce que j’étais en train d’essayer de lui formuler. deux petits papiers. pas un. deux. deux petits papiers qui ne se rejoignent qu’à la détermination des mains. comme une césure où la France s’échappe, glisse et sombre irrémédiablement
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… loin de toute humanité
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_« il faudrait pouvoir dérouler la longue contemplation du détroit de Gibraltar et de Tarifa : cette Europe qui semble si proche, si proche… combien de personnes noyées entre ses bras ? déstabilisant le vertige ressenti ici depuis le petit muret sur lequel nous sommes assis. » — extrait du carnet tangerois, 2016
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#tanger #gibraltar #tarifa #europe #afrique #continents #césure #carte #mains #méditerranée #atlantique #frontières #migrants #noyés #photography #écriture #map #drawing #morocco #borders

_la 2nde, c’est que lors de cette rencontre, frédéric m’avait donné plein de tirages (il était en pleines expérimentations de sa nouvelle chambre noire) avec l’idée que j’écrive dessus (littéralement). comme je suis toujours par monts et par vaux — et que depuis mon retour en France, il m’aura fallu finalement tout un été pour commencer à reprendre mes marques et ma vie ici : Ô lenteur, je vais commencer à mettre en ligne une version web plutôt que la version physique des tirages-mêmes — pis ça conforte le fait que ce site a quand même vocation a être mon laboratoire à moi, de chantiers et de mises en jachère.

 


 

_Tanger… Tanger… Tanger qui résonne en moi encore d’autant plus fort que j’arrive à cette période de l’année où mes anges reviennent toquer à la porte. période de l’année où j’ai généralement furieuse envie de filer sur les routes – une chambre au bord de l’eau, un dédale de rues inconnues, des rires très forts ici ou là, en bruit de fond ou en plein milieu d’assemblées bruyantes — c’est la cacophonie des morts, la cacophonie des absents ; j’ai fini de me demander pour combien de temps. pour combien de temps les deuils. pour combien de temps la fuite en avant. cette année, l’automne sera de toute façon marseillais alors finies les questions. se poser. nager. écrire. lire. se marrer. aussi surtout. retrouver son axe en somme — et cette légèreté d’amour. (tu penses bien que les rires forts, très forts, c’est pas pour rien — et le nouveau kiné ce matin qui me dit : Vous êtes hyperlaxe ? – Oui, tout à fait…)

_retrouver ses chemins de traverse aussi. ceux qui permettent de se recentrer. j’espère que ton centre est pas dans les ténèbres – le mien non :) l’automne sera ainsi occupé à la conversation avec frédéric chabot. lui photos. moi textes. en regard : des {chemins de traverse}.

 

© frédéric arthur chabot

Tout au fond du silence
nos rêves comme banc de lucioles
éclairant l’obscurité des jours
déchirant leur désastre*

 

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{ traverses 1 }
{ traverses 2 }
{ traverses 3 }
{ traverses 4 }
{ traverses 5 }
{ traverses 6 }
{ traverses 7 }
{ traverses 8 }
{ traverses 9 }
{ traverses 10 }
 


 

*ça, c’étaient des mots écrits pendant ma résidence en arctique. les prochains, on va tenter de passer des ténèbres à la lumière (ce qui est, je le rappelle pour qui viendrait pour la 1ère fois ici, l’objet du projet en cours et qui m’a menée au-delà du Cercle polaire il y a 3 ans de ça (déjà — m’enfin on a mis presque 1 900 ans à tuer dieu de ce côté-ci du globe, alors je peux bien mettre 10 ans sur un projet consacré à la quête de #lumière);
et le morceau en écoute, une sorte de réconfort pour / à / et because of tous ces chemins de traverse.

 

par Candice Nguyen

« je suis le danseur étoile, ma sœur est la ballerine, nous ne faisons plus aucun poids, nous volons en l'air, c'est une des jubilations de l'enfance de pouvoir se transformer en plume. » —Hervé Guibert

DANS LES CARNETS

à propos du silence de Larmes (largo di molto)